dimanche 10 juillet 2011

LES INFLUENCES DES FORCES CANADIENNES



            Dans la présentation de ce travail, j’expliquerai donc les principales influences externes qui ont eu un effet sur le développement des Forces Canadiennes et sur la politique de défense depuis la Confédération. De 1860 à aujourd’hui, les FC se sont beaucoup développés dans leur structure opérationnelle et politique, les infrastructures, la technologie, et bien sûr, sa vision d’avenir.



            Pour moi, la première influence fût la guerre de Crimée (1854-1856). Le gouvernement britannique, en réduisant l’effectif de la défense au Canada, forcera la colonie à un système de milice obligatoire et du développement de la défense militaire : « Le gouvernement britannique a commencé à réduire les garnisons régulières des colonies d’Amérique du Nord pour concentrer ses forces dans la Métropole et envoyer un corps expéditionnaire en Crimée1». De plus,  le gouvernement britannique adopta l’idée de délaisser l’Amérique du Nord Britannique pour des raisons économiques et stratégiques : « Le gouvernement britannique détermina qu’il vaudrait mieux pour tout le monde que les Canadiens s’occupent eux-mêmes de leur propre défense2 ».  Personnellement, cette nouvelle responsabilité laissée au Canada fût le premier pas à l’évolution militaire que l’on connaît aujourd’hui. Bien sûr, nous en sommes seulement au stade embryonnaire et plusieurs défis de tailles attendent les prochains décideurs de l’époque.

           

Nous ne pouvons pas continuer ce décompte sans parler de l’établissement du Collège Militaire Royal à Kingston instauré le 1er juin 1876 (c’est seulement en 1878, que le collège reçu de la reine Victoria le titre de Royal). À cette époque, le Canada se devait, grâce à son expansion, de participer au développement professionnel de son armée : « (…) d’assurer une instruction complète dans tous les domaines de la tactique militaire, de la fortification, du génie, et de dispenser un enseignement scientifique général dans des matières liées à la profession militaire3 (…) ». La plupart des élèves joignirent les Forces Britanniques et seulement un petit nombre aux Forces Canadiennes permanentes : « Cela commença à changer après la guerre d'Afrique du Sud (1899-1902), en partie grâce aux efforts de sir Frederick Borden, qui fût ministre de la milice et de la défense de 1896 à 19113 ». Entre 1911 et 1914, le ministre Borden augmenta de 10 à 23 élèves qui acceptèrent de joindre les Forces Canadiennes. Nous pouvons aujourd’hui être fiers de cette institution qui, au fil du temps, a sans cesse amélioré ses programmes d’études.



            La Première Guerre mondiale fût également une influence importante pour le développement des Forces Canadiennes, tel la bataille de Vimy et le commandant Sir Arthur Currie. Lorsque Sir Currie prit le commandement du corps expéditionnaire canadien, il fût le premier à se battre à l’étranger sous un commandement autonome4. À l’aide de son talent, il parvint à cette reconnaissance militaire encore exprimé aujourd’hui : « De par son expérience du champ de bataille, Sir Arthur William Currie s’est montré un véritable génie tactique. Il faisait partie de ces rares généraux qui, malgré le climat d’incertitude constant régnant à la guerre, ont su tirer un enseignement des circonstances5 ». Ceci amena également à une reconnaissance internationale en matière de politique et sur les relations étrangères, un autre pas important pour l’autonomie canadienne4. Également, quelques innovations technologiques et tactiques ont été développées sur les champs de bataille par les belligérants dont profiteront les Forces Canadiennes6. Donnons par exemple l’artillerie qui connut des progrès colossaux comme : l’augmentation de la puissance des obus, facteurs météo pour la première fois pris en compte, amélioration du système de communication, premier canon antiaériens, etc. Finalement, l’utilisation des chemins de fer ou de chars motorisés, le premier pistolet-mitrailleur, les armes légères et les progrès de la guerre navale pour ne nommer que ceux-ci7. L’aviation a joué un rôle important à la Première Guerre et s’est développée de façon exponentielle : « Après la Somme, l’Angleterre implante au Canada  un programme d’instruction pour former et entraîner un nombre accru d’aviateurs8 ». C’est seulement le 1er avril 1924 que l’Aviation Royale du Canada fût créée.



            Il eut également l’effort de guerre des femmes. Les hommes étant en grande majorité sur les champs de bataille durant la Première Guerre, il fallut donc remplacer les manques dans les usines et dans le domaine de l’agriculture. Le marché du travail se féminise. On recrute plus de 30 000 femmes dans les usines d’armements, 5000 et 6000 dans la fonction publique, les banques et autres domaines. Un certain nombre toutefois (environ 2000) ont intégrées les rangs militaires comme infirmière. Finalement, les femmes obtiennent le droit de vote à la faveur de la guerre et à la fin de celle-ci, le Conseil de la milice concevra un corps militaire féminin : le Canadian Women’s Auxiliary Corps9. Il en va de soi que les conditions de la femme au sein de la société ont été changées pour le mieux : « (...) la participation des femmes à l’effort de guerre a pour effet de secouer les conceptions traditionnelles du rôle des femmes et d’étayer l’opinion selon laquelle les femmes ne sauraient se limiter au rôle de mères de famille au foyer. Elle prépare le terrain à des changements plus durables dans la condition féminine10 ». La crise de la conscription de 1917 appelant tous les hommes célibataires ou veufs de 20 à 35 ans à se battre sous les armes, la discrimination raciale dans l’armée et dans le recrutement, ont amené beaucoup d’oppositions politiques11. La grève de Winnipeg (15 mai au 25 juin 1919) incarna une révolution d’après-guerre ayant comme thème la révolution syndicaliste industrielle. Plus de 30 000 travailleurs paralyseront les usines et commerces pour manifester contre les restrictions salariales, les piètres conditions de travail et l’inflation due aux conséquences de la Première Guerre : «  Près de trois décennies s'écouleront avant que les travailleurs canadiens n'obtiennent la reconnaissance syndicale et la négociation collective12 ».



            Maintenant, voyons les changements qui se sont produits après la Seconde Guerre. Les années 1945-1948 sont gouvernées par le premier ministre Machenzie King qui adopta une politique de démobilisation et de l’économie qui eut pour effet de couper dans les dépenses de la défense, passant de 3 milliards à 195 millions. C’était le temps de la reconstruction du Ministère de la Défense13. Le retour au pays des soldats Canadiens ne fût pas non plus des plus faciles : « Les échelles de solde dépassées, le manque de logement pour les familles et la compétition pour les emplois dans une économie en pleine prospérité ne laissaient que peu d’attraits à la vie militaire14 ». Une réorganisation majeure se fait à la Défense, telles : division stratégique du pays en région, restructuration de la Réserve et des brigades blindées, de nouveaux états-majors au QG, de nouveaux établissements d’instructions pour ne nommer que ceux-ci13. Ainsi en 1946, autre trait marquant, celui de l’unification des trois armées qui fût écartée en 1940 et qui redonne à un seul ministre la gestion des trois services. Cela apporte des répercussions sur les collèges militaires tels le RMC et le Royal Roads (C.-B.). Événement important dont celui de la création d’un nouveau collège d’élèves-officiers en 1952 destiné expressément aux élèves francophones situé à Saint-Jean-sur-le-Richelieu (Québec) 15. Le Canada devra inévitablement accepter et se préparer pour ce qui deviendra par la suite la Guerre Froide (1947-1991).


            L’ONU (Organisation des Nations Unies) et la guerre de Corée (1950-1953) ont été d’autres événements qui ont participés au changement de la structure militaire. La crise du canal de Suez est la plus populaire et surtout, l’événement perturbateur à la création du FUNU 1(Force d’urgence des nations unies), créé par le très honorable Lester B. Pearson, ministre des affaires étrangères, le 2 novembre 1956 : « Essentiellement, deux points de vue publics dominaient sur l’avenir de l’ONU : soit l’ONU deviendrait un « gouvernement mondial fonctionnel », soit elle cesserait d’exister16 ». Mais, la vision d’avenir de Pearson était juste, et l’un des succès de l’opération réside dans la méthode pacifique utilisée pour régler le conflit. Le Canada avait joué un rôle important et sera désormais reconnu comme étant un pays toujours prêt pour l’aide humanitaire : «  Le déploiement de la Force d’urgence des Nations Unies a servi de précédent pour la manière dont la communauté internationale composerait avec les conflits au cours des années à venir17 ». Le Canada participera à plus de 50 missions dans le monde18.


            La guerre de Corée. Une confrontation qui se termina avec des pertes incroyables, 1558 blessés et 516 décès seulement pour le Canada19. Encore une fois, la structure fût ébranlée à des proportions jamais atteintes jusqu’à maintenant. L’effectif des Forces Canadiennes passa de 47 000 à 104 000 membres. Le budget de la défense de 1953 atteignit les 1907 millions estimé à dix fois plus qu’en 1947. Une nouvelle loi entrait en vigueur  le 30 juin 1953, soit d’établir un code de discipline commun pour les trois armées. Pareillement, d’autres lois apparurent créant un système de solde unique et de nouveaux avantages sociaux. Brooke Claxton, Ministre de la Défense Nationale de 1946-1954, lors de sa retraite, avait atteint ce qu’aucun autre ministre de la défense (depuis Frederick Borden) n’avait accompli : Un seul budget, des programmes interarmées de gestion de personnel, un seul code militaire et un seul conseil de recherches20.


            OTAN (Organisation du traité de l’Atlantique Nord) et le NORAD (North American Aerospace Defense Command) sont également très importants dans le processus de développement et d’engagement des Forces Canadiennes. Le 4 avril 1949 à Washington, le Canada et 11 autres pays signèrent le Traité de l’Atlantique Nord qui a pour but une alliance permanente avec le continent européen. Cela permet une relation essentielle avec l’Europe bénéficiant ainsi du poids diplomatique et de compétences techniques : « Grâce à son appartenance à l'OTAN, le Canada a accès à des renseignements stratégiques, peut participer à des exercices militaires avec les forces alliées, et a voix au chapitre dans les décisions de haut niveau qui touchent la sécurité et la stabilité euro-atlantique21 ». Chaque année, la base militaire de Cold Lake, en Alberta, est l’hôte d’un des plus importants exercices d’entraînement de pilote de combat au monde regroupant, les pays de l’OTAN nommé Maple Flag. Le Canada est aussi le créateur d’un programme d’entraînement de l’OTAN de formation de pilotes au niveau élémentaire et avancé. Donné sur la base militaire de Moose Jaw en Saskatchewan, le programme vise : « (…) à produire les meilleurs pilotes militaires de la façon la plus économique pour le système21 ». Ayant une forte participation au sein de l’OTAN, le Canada a fortement soutenu l’expansion et la réforme interne. Ce jour-là, en 1949, à la signature du Traité : «  Pour la première fois de son histoire, le Canada se joignait à une alliance militaire en temps de paix22 ».



            Le NORAD. Le 1er août 1957, le Canada et les États-Unis signèrent une entente sur la mise sur pied d’un système de défense aérienne sur tout le continent. Les deux pays développeront des approches stratégiques, de l’entraînement et planifieront des missions23. Dans les années 1960, c’est 250 000 personnes qui sont impliquées dans les opérations24. Le Canada se spécialisera dans la détection de bombardier et de missiles de croisières. Le 25 mars 1996, le Canada renouvela son accord avec le NORAD : « Lors d’une conférence de presse, M. Axworthy a déclaré que le Traité ABM était toujours absolument nécessaire à la stabilité internationale et affirmé que l’Accord du NORAD modifié donnera un veto au Canada sur la mise au point de systèmes d’armement qui pourraient avoir un effet négatif sur le traité25 ».



            La Somalie (1992-1997). Quelques mots pour décrire la tragédie : Meurtre, racisme, mensonges, tortures et abus d’autorité. Bien sûr, tout le monde est d’accord pour affirmer que le désastre n’est que minoritaire et que la mission en générale s’est bien déroulée. Malheureusement, cela donna quelques maux de tête au gouvernement et une bien mauvaise image de presse. Mais quelles en ont été les conséquences? Il eut bien entendu le démantèlement du régiment aéroporté en cause : « Le régiment aéroporté canadien a été officiellement démantelé hier, le 5 mars 1995, deux ans jour pour jour après la mort sous la torture d’un jeune Somalien et quelques semaines après la diffusion de bandes vidéo montrant certains de ses membres se livrant à des actes dégradants26 ». Plusieurs cercles d’activités ont été analysés dans le rapport d’enquête sur la Somalie. Premièrement, les Forces Canadiennes reviendront sur l’aspect du leadership qui eut un manquement évident à l’époque. L’obligation de rendre des compte sera accentuée également, et il à été prouvé que la chaîne de commandement était inefficace. Le niveau de discipline lors de la préparation au déploiement était insuffisant. La formation des membres pour des missions opérationnelles était lamentable et les règles d’engagement comportaient de sérieuses lacunes. Le rapport se termine en une conclusion sur la suite logique que les Forces Canadiennes devront adopter dans le futur pour remettre sur pied l’organisation : « Le temps est venu de renouveler la direction du ministère de la Défense nationale et des Forces canadiennes et de donner aux forces une nouvelle orientation. Nos courageux et dévoués soldats le méritent bien (…) Nous n'avons pas la prétention de présenter un plan visant à corriger tous les maux des forces armées, mais si les réformes que nous proposons sont étudiées consciencieusement et mises en œuvre avec diligence, nous pensons que le processus de guérison pourra être amorcé27 ».



            Le Livre blanc de la défense de 1994. Nombreux sont les énoncés établis dans ce rapport, rapport qui joua un rôle primordial dans l’énonciation de la nouvelle politique28. Prenons quelques exemples. Le chapitre 2 décrit la réduction du déficit à venir et les solutions budgétaires. Également, la diminution de certaines de leurs activités, le remaniement du programme de défense et de l’accroissement de son efficacité. Au chapitre 7, il est question également de la gestion d’acquisition d’équipement. Les Forces Canadiennes s’équiperont désormais de nouveaux équipements que s’il en est indispensable, rendront le processus d’approvisionnement plus efficace et d’intensifieront le partenariat avec le secteur privé. Les plans de carrière seront également révisés : « Les plans de carrière des militaires seront repensés de façon à permettre de réduire le nombre d'affectations et de mutations28 ». Le personnel civil sera aussi réduit à 20 000 d’ici 199928.



CONCLUSION



            Ceci n’est qu’une infime partie des influences et des changements que l’histoire militaire connus. Nombreux sont encore les faits qui ont poussé au remaniement de la structure interne des Forces Canadiennes. Plusieurs grand noms ont participé à l’élaboration des FC tels : sir Frederick Borden, Lester B. Pearson, Machenzie King  ou le General Rick Hillier par exemple. De grands événements on bouleversés le gouvernement comme la crise de Suez, la bataille de Vimy, le Rwanda et l’Afghanistan pour ne nommer que ceux-ci.  Les FC ont fait une évolution remarquable depuis, et peuvent être fiers de faire partie d’un pays des plus respecté et honoré de l’histoire militaire.

Auteur : Caporal Stéphane Coulombe
Forces Canadiennes
Juillet 2011






*** BIBLIOGRAPHIE ***




Liens externes :



- fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_militaire_du_Canada










Références :



1-     Notes de cours leçon 2-2.2, La réorganisation du système de défense, p.31

2-     Desmond Morton, Histoire militaire du Canada, ch.3 p.105

3-     Cameron Pulsifer, Le Collège Militaire Royal du Canada, de 1876 à nos jours, www.museedelaguerre.ca

4-     Notes de cour leçon 5-3.2, La bataille de la crête de Vimy, p.29

5-     Roger Barret, Le Général Sir Arthur William Currie; un génie tactique naturel, p.58-63, www.army.forces.gc.ca/caj/documents/vol_02/iss_3/CAJ_vol2.3_14_f.pdf

6-     Notes de cour leçon 5-3.3, Les innovations technologiques et tactiques, p.30

7-     www.fr.wikipedia.org/wiki/Technologie_pendant_la_Première_Guerre_mondiale

8-     Notes de cours leçon 5-5.1, Les premiers aviateurs canadiens, p.34

9-     Notes de cours leçon 6-2.1, L’effort de guerre des femmes, p.41

10-  Couturier, Un passé composé, le Canada de 1850 à nos jours, p.174

11-  Notes de cours leçon 6, p. 42-51

12-  Nolan Reilly, Grève générale de Winnipeg, www.thecanadianencyclopedia.com

13-  Notes de cours leçon 10-2.1, Les Forces armées canadiennes après-guerre (1945-1948), p.7

14-  Couturier, Un passé composé, le Canada de 1850 à nos jours, p.249

15-  C.P.Stacey, Introduction à l’étude de l’histoire militaire, p.45-47

16-  Recueil de texte, Sean Maloney, une force mobile mondiale, p.33


18-  Monique Grégoire, geopolitis.tv5.ca

19-  l'association canadienne des vétérans de la Corée, la participation canadienne à la guerre de Corée, www.kvacanada.com

20-  Desmond Morton, Histoire militaire du Canada, p.258-259

21-  Le Canada au sein de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord, www.international.gc.ca/nato-otan/canada

22-  Oliver Dean, Le Canada et l’OTAN, Dépêche n9, www.warmuseum.ca/mcg/explorer/histoire-militaire/depeches/le-canada-et-lotan

23-  Couturier, Un passé composé, le Canada de 1850 à nos jours, p.370-371

24-  Commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord, www.fr.wikipedia.org



27-  Rapport de la commission d’enquête sur la Somalie, vol.3 et 5, www.forces.gc.ca
MINISTÈRE DE LA DÉFENSE NATIONALE, Abrégé du Livre blanc sur la défense de 1994, www.resdal.org/Archivo/cndf-abrege.htm

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